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UN PORTRAIT DE BOBBY

  BOBBY HOLCOMB , que tout le monde appelle simplement "Bobby", est né en 1947 sur l'île d'Oahu à Honolulu, Hawaii. Sa mère était une métisse hawaïenne portugaise et son père un sang-mêlé amérindien afro américain. Son enfance a pour décor le spleen des décombres de Pearl Harbor mais ça ne l'empêche pas d'y danser des claquettes... Il part pour les USA à l'âge de 11 ans où il rentre à la School Music and Dance de Los Angeles. Il est finalement adopté par une famille Afro-américaine qui l'initie aux nuances de la musique noire, du blues et du Jazz, et favorise ses talents de dessinateur. Il s'exerce même à la peinture sur les murs de sa chambre.

Puis Bobby quitte les États-Unis pour voyager de par le monde, l'Asie, l'Europe. Il rencontre de grands artistes comme Frank Zappa et Salvador Dali. En France il joue avec des troupes de danse et de comédie telles que 'Zig Zag Community' et Johanne of Arch'. Il se produit dans 'Hair', spectacle culte du courant 'Flower power' de l'époque.

Bobby revient dans le Pacifique et arrive à Tahiti en 1976 et il s'installe sur l'île de Huahine. Dans une maison sur les bords du lagon à Maeva au pied de "Mou'a Tapu", la montagne sacrée, que l'on voit souvent dans ses peintures. Il est entouré de Tahitiens et se met à composer des chansons en 'Reo Maohi', la langue du pays. On entend partout du Reggae dans les îles, Bobby chante nombre de ses chansons sur cette musique et avec ses 'dreadlocks' Il est très connu comme chanteur-compositeur. Il remporte un concours en 1985 avec sa chanson "Orio" qui le rend célèbre auprès du grand public. Viennent alors plusieurs albums solo ainsi qu'un album enregistré avec Angelo, chanteur bien-aimé des Polynésiens. Bobby s'accompagne de talentueux musiciens comme Michel Poroi et Aldo Raveino, sa musique et ses chansons font le bonheur des polynésiens. En 1988 il est élu 'Homme de l'Année", récompense de ses constants efforts d'intégration auprès de la société polynésienne. Bobby compte alors parmi les chanteurs les plus célèbres du Pacifique sud.

Plus connu par sa musique que par sa peinture Bobby n'en reste pas moins un peintre renommé. Son admiration et son respect pour la tradition et la culture polynésienne ainsi que sa connaissance de la langue tahitienne l'emmènent à travers les mystères, contes et histoires des îles qu'il rend visibles dans de splendides tableaux hauts en couleurs. Bobby traduit en images ce qu'il lui parait crucial de montrer aux polynésiens et leurs enfants, à propos de leur héritage culturel ; ainsi que l'importance de protéger la nature.
Bobby décède le 15 février 1991 à Huahine. Il repose désormais au pied de "Mou'a Tapu", non loin du lieu où il vivait.

Bobby est un artiste de génie, tant sur le plan musical que pictural. Pour cela il reste une énigme pour beaucoup d'artistes et de Polynésiens qui voient en lui un être de légende, un mythe. Sa générosité et son amour on fait de son œuvre un exemple unique d'une exceptionnelle créativité 

Avec son amie et confidente Dorothy Levy, Bobby s’employait à l’entretien des Marae, lieux de culte des ancêtres polynésiens. Il avait foi en l’apprentissage par l’art dans un milieu ou le mode d’éducation moderne s’avérait inadapté.

Bobby a participé à l’éveil et la renaissance culturelle du peuple Maohi, notamment avec les ‘Pupu Arioi’ groupe d’artistes et d’intellectuels désireux de restaurer la fierté d’être Maohi, grâce aux arts tels que le théâtre et la danse, la musique et le chant, la peinture...

Aux côtés de personnalités telles que Henri Hiro, John Mairai, Turo Raapoto, Coco Hotahota et bien d’autres, Bobby s’est investi dans un mouvement identitaire qui est devenu peu à peu une révolution culturelle dénonçant entre autre les abus de la colonisation, l’intrusion atomique et la perte des valeurs spirituelles. Il fait partie de ces grands artistes qui ont illustré leur temps à travers un combat qui a fait triompher bien plus que leur idéal artistique, musique et peinture confondues en l'expression d' harmonies qui placent l’artiste directement devant les Mystères les plus profonds de la vie.